Comment la CIA a espionné le monde entier : L’Affaire Crypto AG

Comment la CIA a espionné le monde entier : L’Affaire Crypto AG

Show Video

Bonjour à tous, ça fait très longtemps qu'on a pas sorti de vidéo, donc on est un petit peu de retour. Voilà, on va essayer de sortir des vidéos plus régulièrement. Je sais que je dis ça à chaque fois qu'on revient. Mais promis cette fois-ci c'est vrai, en tout cas l'année prochaine on va faire un vrai rythme normalement. Puisque avec Jules on a pouvoir travailler main dans la main correctement, quasiment à plein temps.

Donc c'est une super nouvelle non ? Enfin je crois. Aujourd'hui on va parler d'une affaire d'espionnage absolument incroyable. Et même la CIA considère cette affaire comme étant le coup du siècle.

On va voir ensemble comment le gouvernement américain a floué pendant plus d'une cinquantaine d'années des centaines de gouvernements, en interceptant et en déchiffrant leurs communications secrètes, dès le début de la guerre froide. Le tout en commercialisant des machines de chiffrement truquées. Amis, ennemis, presque tout le monde y est passé, et surtout, personne n'aurait dû savoir ça. Mais c'est grâce au travail de titan de certains journalistes, que l'affaire a pu éclater très récemment. Donc qu'on soit bien d'accord, ceci n'est pas notre enquête, On a pas du tout les capacités, et on connaissait pas l'affaire avant de lire les enquêtes à ce sujet.

Une grosse partie du mérite revient au Washington Post et à ZDF, notamment au journaliste Greg Miller. Qui a déjà reçu deux prix Pulitzer pour son travail notamment sur Snowden. Il est l'auteur de l'article incroyable que vous pouvez retrouver en description si jamais vous voulez aller un peu plus loin. On s'est pas mal appuyé sur cet article mais également sur des archives déclassifiées de la CIA, ainsi que des documentaires de la RTS, mais aussi un article colossal de crypto Museum. Tout ça est en description.

L'histoire était tellement folle qu'on était obligé de la traiter en vidéo. D'ailleurs, on s'est un petit peu buté sur les effets visuels, l'espère que vous apprécierez, on espère avec Jules que vous apprécierez. Mais tout d'abord est-ce que vous connaissez Displate ? Mais papa, ce sponso, on l'a déjà vu 1300 fois. Pas du tout ma chérie c'est la première fois qu'on découvre Displate.

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Après des études d'ingénierie en Suède, Boris rejoint rapidement le groupe familial pour y faire ses premières armes Le père de Boris Karl Hagelin, investit sur le côté dans une entreprise suédoise de cryptographie appelée Cryptograph. Qui vend alors des machines de chiffrement à rotors En bref Ce sont des machines qui permettent d'envoyer des messages secrets Ça ressemble à une grosse machine à écrire, qui permet de ressortir un message illisible pour quiconque ne dispose pas de la clé chiffée. Dès qu'on tape une lettre, celle-ci active des rotors, qui la transforme en une autre, puis une autre, puis une autre. Et le tout selon les configurations rentrées.

Seul votre correspondant disposant de la même machine et des mêmes paramètres pourra donc vous déchiffrer et vous comprendre. C'est une technologie qui plaît évidemment beaucoup, surtout dans le domaine militaire. Et à l'époque, c'est une machine allemande, la très connue Enigma qui est à la mode. C'est notamment elle qui équipera les troupes allemandes, et dont Alan Turing percera les secrets lors de la Seconde Guerre mondiale.

Boris qui rejoint le groupe Cryptograph en 1922 est chargé alors de mettre au point une nouvelle machine... La B21. En concurrence directe avec Enigma. On vous passe les détails mais c'est une belle prouesse et les Suédois sont très vite intéressés. Premier contrat juteux mais surtout premier succès pour Boris qui va pouvoir continuer à perfectionner son art. Une dizaine d'années plus tard, au début de la Seconde Guerre mondiale, Boris fait ses valises et puis la Suède direction les États-Unis Vivre la guerre, bof, mais essayer d'en tirer du pognon c'est pas mal non ? Avec lui, il emporte des nouveaux prototypes et parvient rapidement à convaincre l'armée américaine d'équiper ses troupes.

Ce sont des machines facilement transportables pour permettre aux soldats sur le front d'envoyer rapidement et efficacement des messages chiffrés. C'est facile à mettre en place et surtout très long à déchiffrer pour les ennemis. L'armée équipe ainsi 140 000 troupes pour un contrat assez juteux de 8,4 millions de dollars. Boris devient donc tout naturellement : pété de thunes. Il continue alors ce qu'il sait faire de mieux et développe des nouveaux prototypes. Il en profite alors pour déplacer l'entreprise en Suisse où la situation fiscale est bien plus avantageuse, et profite de ce moment-là pour faire un petit rebranding.

Cryptograph n'est plus, Bienvenue à Crypto AG. Ou Crypto, en fait. AG ça veut dire entreprise Comme SAS en France quoi. La Seconde Guerre mondiale laisse alors place à la Guerre Froide, où les communications tiennent une place centrale dans le jeu d'influence des superpuissances de l'époque. Sauf qu'à force d'être trop fort, et ben Boris il commence à inquiéter fortement la CIA, qui voit forcément d'un très mauvais oeil toutes ces avancées technologiques.

Car jusqu'en 1950, les Américains sont très forts pour déchiffrer du message. Lors de la guerre en Corée du Nord, je cite, "il était aussi facile de déchiffrer les communications nord-coréenne que de casser une noix" Mais un an plus tard, plus aucune communication ne passe. L'Union soviétique ou bien la Corée du Nord redeviennent des boîtes noires aux yeux des Etats-Unis. Et ce, sans les machines de Boris La CIA rentre alors dans une sorte d'Age d'ombre du chiffrement Et du côté de la CIA on se rend bien compte qu'on est en train de perdre pied A ce moment-là, Boris il pose un autre problème. Sa technologie est redoutablement efficace Donc il risque de vendre de plus en plus de machines, et aussi aux pays ennemis De plus en plus d'états adverses risquent donc de devenir des boîtes noires impénétrables pour les États-Unis Alors autant dire qu'en pleine guerre froide C'est clairement une vision d'horreur pour les américains Alors dès l'année 1951, les renseignements américains ont une petite idée Ils invitent Boris Hagelin à une petite soirée dans le très cosy Cosmos Club de Washington.

À la table de Boris, on trouve notamment William Friedman Un expert déjà renommé en cryptologie depuis de nombreuses années Mais qui connaît surtout très bien Boris et ses machines Les deux hommes se côtoient depuis plus de 10 ans, et ils sont devenus proches avec le temps Sa présence ici n'est donc pas un hasard Ils discutent alors météo, baseball, et "tu ne vendras aucune tes machines aux pays qu'on n'aime pas, d'accord ? Merci, allez signe là." C'est à peu près ça en vrai. En bon seigneur, la CIA pays la note avec une légère avance de 700000 dollars, payés directement à Boris Hagelin. Officiellement, pour couvrir les pertes que cela engendrerait Les renseignements américain n'hésitent pas à jouer leur budget mais bien sûr aussi de l'affect comme on va le voir avec William Friedman. Dans le monde du renseignement, on parle alors d'une opération de déni On empêche les adversaires d'obtenir une technologie qui leur fournirait un avantage C'est ainsi que l'entreprise Crypto AG se retrouve au cœur d'une opération secrète, dont l'histoire ne fait que commencer Le problème Hagelin se résout donc avec une liasse de billets provenant de la main d'un vieil ami.

Mais très vite, les Américains prennent un peu la confiance. Ils commencent à se demander si ils peuvent pas participer activement au développement des machines Et surtout, le but final, essayer d'en refiler des corrompus aux ennemis. Mais c'est impossible selon les proches de Boris, car Boris est un homme droit Jamais il n'ira à l'encontre de ses principes, jamais il ne bidouillera ses machines Enfin jamais, c'est jusqu'à l'arrivée des composants électroniques sur le marché. Au milieu des années 60, Boris craint d'être dépassé technologiquement Il appelle alors la NSA, la National Security Agency, une autre agence de renseignement spécialisée dans le chiffrement et la sécurité de l'information.

Et ça tombe bien, puisque le cryptologue en chef de la NSA n'est autre que son vieil ami William Friedman. Le même qui a négocié le deal du Cosmos Club. Et à chaque fois que Boris est contraint de faire des choix important pour son entreprise William Friedman ne sera jamais loin. On va faire un petit crochet pour être clair entre les rôles de la CIA et de la NSA La CIA c'est l'agence centrale du renseignement américain. Ils collectent du renseignement et montent des opérations clandestines quand c'est nécessaire La NSA eux, et ben c'est des brutes en technique.

Leur métier, c'est d'intercepter du message, de le déchiffrer, et c'est grâce à ça que la CIA peut bosser avec du bon renseignement. Cette collaboration entre Hagelin et la NSA donne rapidement naissance à une nouvelle machine, La H460. Une nouvelle machine créée grâce à l'aide des agents américains. Avec une petite subtilité, la machine peut désormais être bridée en fonction du client, permettant aux Américains de déchiffrer facilement les messages envoyés avec ces machines truquées. Les pays amis recevront donc des machines normales, classiques, qui fonctionnent bien. Et les autres auront des machines qui ressemblent à celle là, mais avec des portes dérobées, complètement piratables par les États-Unis.

Et on rappelle, en pleine guerre froide l'information est vraiment le nerf de la guerre Et l'illusion est parfaite, parce que Crypto AG c'est une entreprise suisse, donc réputée neutre, aux yeux de... Bah du monde entier, en fait. Et à ce moment-là, aucun pays ne se doute qu'un danger puisse venir de là. Et puis surtout leur devise c'est que les secrets restent secrets. Donc forcément bah moi je lis ça, je me sens en sécurité. Le partenariat entre Boris et les Américains passe donc d'une opération de déni à une opération active.

Là il s'agit plus d'empêcher les ennemis d'obtenir des technologies ou des armes Maintenant on leur refourgue sciemment des passoires, des machines complètement pétées pour intercepter tous les messages Et ça marche. Le renseignement américain gagne énormément de points pendant la guerre froide grâce à ça. Et si toute cette opération marche si bien c'est comme on le disait grâce à William Friedman On va faire un petit crochet par William Friedman pour vous montrer à quel point ils étaient proches C'est grâce à la déclassification de dizaines de milliers de document de la NSA qu'on peut vous raconter ça aujourd'hui. On découvre parmi 52000 pages des lettres, des rapports, tout ce que vous voulez, leur relation et leur amitié.

Ici on a même retrouvé un enregistrement d'une conférence de 1960, où William Friedman parle de son ami Boris Hagelin. Friedman laissera même derrière lui une biographie inachevée, sur son ami Boris Hagelin. C'est dire à quel point il devait être admiratif de son travail.

D'ailleurs pour la petite anecdote, les courriers présentés ici étaient envoyés comme de simples lettres. Il y avait pas de gros tampon NSA, il n'y avait pas de truc bizarre du renseignement. C'est quand même cocasse. Mais le temps passe, et nos deux protagonistes commencent à se faire vieux.

William Friedman, déjà malade depuis plusieurs années, décédera en 1969. Boris, de son côté, approche déjà des 80 ans. Alors forcément, là, il s'inquiète un petit peu pour la suite L'entreprise elle marche bien, il sent en tout cas selon lui qu'il arrive à faire le bien, à aider le bon côté avec les Américains Mais il veut s'assurer que la suite soit bien prise en charge Il imagine bien son fiston, Boris Junior, reprendre l'entreprise.

Boris Junior était déjà impliqué depuis plusieurs années, donc quand Boris y pense, il se dit que c'est un successeur tout trouvé. Mais Boris Junior a très clairement laissé entendre qu'il ne continuerai pas les manigances de son père. La boîte ok, elle marche bien en plus donc c'est parfait, mais ces deals obscurs là avec la CIA, même si il connait pas toute l'étendue du truc, ça l'intéresse pas.

Évidemment, c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd puisque ça m'inquiète fortement la CIA qui va tout faire pour l'écarter de la succession. Heureusement pour les Américains, ils savent qu'ils peuvent jouer sur une corde sensible. Boris doit une bonne partie de son succès commercial aux Américains, ce qui l'a toujours rendu reconnaissant envers eux, voir même un peu le loyal. Les Américains utilisent donc une nouvelle fois l'affect pour faire céder Boris. Et ça fonctionne. Boris accepte alors de vendre l'entreprise à la CIA au détriment de son fils.

Et en juin 1970, pour la somme de 5,75 millions de dollars, l'affaire est conclue. Les Américains ramènent alors leurs alliés ouest-allemands, le BND, le Service fédéral de renseignement allemand, qui deviennent conjointement propriétaires de la boite. On parle évidemment d'une opération extrêmement sensible, donc tout doit être fait dans le secret le plus total.

C'est une entreprise basée dans le petit paradis fiscal du Liechtenstein, qui va s'occuper de créer de nombreuses sociétés Afin de camoufler l'implication des services secrets. La CIA et la BND sont désormais serial entrepreneurs et partenaires Et ils se partagent alors les revenus à part égales. Apparemment, d'ailleurs, les transactions se passent le plus naturellement du monde, dans un parking souterrain avec des mallettes en cash.

Oui c'est un super film d'espionnage, oui. Un nouveau comité de direction est alors formé, et c'est un certain Sture Nyberg, qui assure le management de la boîte à la place de Boris, désormais trop vieux pour gérer les opérations. Il est alors le seul membre informé du deal, et c'est par ce biais que la CIA et la NSA vont communiquer et gérer l'entreprise. Les employés, eux, ils sont laissés dans l'ombre. Mais il reste encore le problème du fils à ce moment-là Même si Boris Junior reste à peu près tranquille, et qu'il n'a pas le contrôle de l'entreprise, eh bien un jour il pourrait tout révéler, et tout faire capoter.

Mais heureusement pour les Américains, 5 mois après leur achat, par pur hasard, Bo décède dans un accident de la route. Suite à sa mort, la CIA notera sobrement dans les rapports internes qu'il n'est plus nécessaire d'être aussi prévoyant qu'avant, lors des réunions de Cryto AG, où il siégeait encore à l'époque. Les agents allemands du BND, eux, ils auraient déclaré à l'époque que ça ressemblait tout à fait un assassinat commandité..

Pour sa part, Boris a cherché à faire la lumière sur la mort de son fils pendant des années, et ce jusqu'à sa mort, sans jamais avoir de réponse. Alors sur le papier, tout va désormais mieux pour les Américains. Ils ont enfin le contrôle complet sur l'entreprise avec les Allemands, Boris est trop vieux pour gérer les affaires, et le fils ne devrait plus poser problème.

Mais cette opération si sensible, et ben elle reste évidemment toujours difficile à maîtriser. Ramener les alliés ouest-allemands à bord, ça rassure mais ça crée aussi des petits problèmes, des petites tensions. Car les Américains, dans cette opération ce qu'ils veulent, c'est du renseignement à tout prix.

Que l'entreprise fonctionne financièrement, ils s'en foutent complètement. Mais les Allemands, ben ils se disent que l'argent c'est... Bah c'est pas mal, en fait. Et ce serait bien d'en faire un max Et puis surtout, les Allemands ils ont un brin d'éthique pas négligeable à ce moment-là. Ils trouvent ça assez dégueulasse que les États-Unis commencent à espionner des pays alliés, tels que la Grèce, l'Espagne ou l'Italie. Qui sont des clients récurrents de Crypto AG, bien sur.

Alors forcément, avec des priorités aussi divergentes, les relations entre nos deux associés vont commencer à se tendre un petit peu. Mais les Américains se font une raison, et ils comprennent que c'est pour le bien commun de l'entreprise de la faire fonctionner commercialement. Et d'innover, aussi. Après tout c'est une couverture, donc il va falloir la rendre béton. Bah oui, c'est impossible de vendre des machines en grande quantité et à plein de pays si on est dépassé technologiquement, ou si elles sont pas très intéressantes.

Tout le monde se met assez d'accord, et de nouveaux entrepreneurs prennent part à l'aventure Crypto AG. C'est ainsi que les Allemands ramènent à bord Siemens, et les Américains Motorola. Oui, de grosses entreprises que tout le monde connaît ouais. Et cette alliance entre deux titans commerciaux et deux des plus grandes agences de renseignement au monde ne tarde pas à créer un beau succès commercial.

On trouvera notamment dans les dossiers de la CIA que les ventes de Crypt AG sont passés de 15 millions de francs suisses à plus de 51 millions de francs suisses. Le tout entre 1970 et 1975. Oui en 5 ans c'est vraiment pas dégueu. Il y a désormais 250 employés qui s'affairent quotidiennement à faire tourner la boîte. Et se sont réellement presque 250 employés qui n'ont aucune connaissance de ce qui se passe dans l'entreprise.

Et par conséquent, c'est également un succès du renseignement qui en découle. Ainsi, au milieu des années 80, si on prend pas en compte l'Asie et l'URSS, Les États-Unis récoltent plus de 50 % de leur enseignement seulement via CryptoAG. C'est démentiel. Et ça a notamment servi dans des cas très concrets. Par exemple en 1978, le président américain Jimmy Carter cherche à refaire son image au Moyen-Orient.

Il arrive alors à persuader les Égyptiens et les Israéliens, deux pays qui se détestent un peu à l'époque, de se rencontrer pour négocier une paix durable. Au bout de 12 jours, miracle, les deux parties parviennent à un accord historique censé ramener la paix au Moyen-Orient. Carter est alors vu comme un héros apporteur de paix.

Sauf que les Américains avaient évidemment accès à toutes les communications de Saddat, le président égyptien, qui était alors client de Crypto AG. Ils savent alors en temps réel ce qu'il communique à ses plus proches conseillers, et peuvent alors influer directement sur les négociations. Un an plus tard, en 1979, c'est la crise des otages américains en Iran. On est en pleine révolution iranienne, le pays devient très hostile envers les États-Unis et veut mettre la main sur l'ancien Shah d'Iran, qui est en exil en Amérique.

Une foule envahit alors l'ambassade américaine de Téhéran, et plus de 50 fonctionnaires sont retenus en otage. C'est alors un long jeu de négociations qui s'ouvre entre les Américains et les Iraniens, qui se tient via la médiation des Algériens. Evidemment, par coup de chance, l'Algérie et l'Iran sont des clients de Crypto AG. Les Américains sont donc en mesure de connaître toutes les réactions iraniennes, en temps réel. Et tout se finira bien, chaque pays ayant négocié des concessions qui mèneront à la libération de tous les otages, début 1981. Une fois de plus, les Américains avaient la main sur toutes les cartes du jeu.

Alors au bout d'un moment, tous les théâtres de crises semblent être surveillés par les États-Unis. Et par Crypto AG. Et la liste de pays ne fait que s'allonger : La Libye, l'Italie, l'Irak, la Jordanie, la Corée du Sud, tous s'arrachent la technologie de cette société suisse. Et même l'ONU serait de la partie.

En tout et pour tout c'est plus de 120 pays qui auraient utilisé les équipements de Crypto AG, dont une soixantaine de clients récurrents. Un très joli corps, s'il fallait encore le rappeler. Les Américains ont donc soulevé le game pendant des décennies, en dupant une bonne partie des clients de Crypto AG.

Mais la question, c'est comment est-ce que au bout de tant d'années, ils ont pu duper tous les employés de l'entreprise. Eh bien... c'est compliqué. Les ingénieurs en charge des prototypes des machines se posent en effet régulièrement des questions.

Soulevant que tout semble être manipulé par une sorte d'entité mystérieuse externe. Mais les employés sont grassement payés, Ils bénéficient de nombreux avantages comme par exemple d'un bateau au bord d'un lac Ou même d'un accès à un terrain de tennis. Et surtout, quand ils vont commencer à éveiller des soupçons, ils vont se heurter à des cadres qui vont leur dire que c'est sûrement à cause du partenariat entre Motorola et Siemens. Ouais bah... Ça passe.

Mais si tant de monde a accès aux machines, pourquoi ne se chargent-t-ils tout simplement pas de résoudre les failles pourtant béantes ? Pourquoi les ingénieurs ne peuvent-ils juste pas améliorer les systèmes ? Le doute règne vraiment de plus en plus au fil des années dans les rangs de Crypto AG. Et un beau jour de 1977, du jour au lendemain, toutes les communications diplomatiques de la Syrie deviennent illisibles. Pourtant la Syrie ça fait des années qu'elle est cliente de Crypto AG, et ils sont toujours sous contrat. Est-ce qu'ils ont décelé l'arnaque ? Et ben c'est presque pire. Un des employés de Crypto AG, suspectant que son entreprise travaille avec les services de renseignement allemand, avertit les Syriens, et il a proposé de combler les failles.

Voilà Oui non mais lui c'était l'employé du mois dans sa tête, c'est sûr Juste la CIA a moins aimé quoi. Et Crypto AG décide dans la foulée, immédiatement, de le licencier. Fin de l'histoire.

Non, pas vraiment fin de l'histoire, parce que la CIA elle apprendra un peu après bah que forcément ils l'ont viré, et ils sont très énervés. Parce que le licencier, c'était risquer de le voir parler un jour. Mais heureusement pour tout le monde, ce monsieur est gentiment reparti dans l'anonymat le plus total et n'en a jamais parlé. Il devait pas être loin de l'accident de voiture lui aussi. Mais un problème ne venant jamais seul, parlons du cas du Nigéria.

Le pays a passé une grosse commande de machines il y a déjà 2 ans de cela. Mais le Nigéria, on n'a jamais pu intercepter leur communications. Petite sueur froide quand ils s'en rendent compte quand même, et du coup ils envoient un représentant de Crypto AG directement au Nigéria. Et bien en fait, Tout le matériel est resté dans des cartons, dans un entrepôt. Personne y a touché. Comme quoi la flemme peut être un puissant allié. Un an après ces épisodes, nouvelle alerte.

La CIA est de nouveau sur ses gardes, et cette fois-ci la menace vient d'une candidature. Une femme du nom de Mengia Caflisch, considérée comme une ingénieur brillantissime, souhaite rejoindre l'entreprise. Super nouvelle a priori.

Vraiment pas. Les agents du renseignement américain sont terrifiés, parce qu'ils la considèrent, je cite, comme "bien trop intelligente pour rester passive". Et malgré plusieurs tentatives pour faire échouer son recrutement, On sait pas comment mais elle est embauchée. Bien évidemment la CIA avait raison de la craindre, puisque dès qu'elle arrive elle commence à réparer les failles, tout simplement.

Ce qui prouve évidemment aux autres employés que oui, il y avait des failles béantes, et que depuis des années on pouvait les corriger. Et surtout qu'elles étaient fatales si on pouvait les exploiter. Pire encore, puisque c'est une employée brillante et dévouée, Elle va faire un nouveau système de chiffrement, un truc tellement puissant que les agents de la NSA n'arriveraient même pas à le déchiffrer. "Super !", se disent les cadres de Crypto AG. "Nous sommes à la pointe de la technologie, c'est complètement notre business d'être super forts en chiffrement." Du coup, cet élan d'enthousiasme est complètement passé sous les radars des rares cadres au courant de l'opération, et les machines sont lancées en production.

Donc quand la CIA elle apprend que ces machine surpuissantes, là, bah elles sont dans les usines... elle pète un petit câble. La panique est ultime et là ils arrêtent la production d'un coup. Il y a à peu près une cinquantaine de machines qui sont produites et ils décident de les redistribuer à des amis. Des pays amis, mais surtout des banques, parce que bon les banques, en soi, c'est pas très intéressant pour la CIA et le BND.

Les anciens algorithmes sont réactivés fissa, et personne n'aura plus de détails sur ce qu'il vient de se passer. Sauf que les employés, bah ça commence à faire beaucoup pour eux. Ils commencent à comprendre que petit à petit il y a plein d'éléments qui font que...

C'est bizarre. On n'est pas juste face à une négligence, des soupçons, ou Siemens, Motorola je sais pas quoi. Il y a vraiment pour eux quelqu'un qui commence à tirer les ficelles. Alors face à tout ça, il est impossible pour les Américains et les Allemands de continuer ainsi. Il faut trouver là une solution d'urgence. Et comment tromper des ingénieurs brillants qui travaillent depuis des années sur ces machines ? Et bien en allant recruter un ingénieur encore plus brillant, quelqu'un qui serait vraiment loyal à l'entreprise et qui serait le gardien de tous ces lourds secrets.

La CIA met alors la main sur une petite pépite, Un professeur de mathématiques émérite suédois, dont les très fortes capacités en chiffrement ont longtemps intéressé les services secrets du pays, avec qui il entretient de très bonnes relations. Et la Suède est un pays allié des États-Unis considéré comme très fiable. On tient donc entre les mains quelqu'un de très fort sur la technique et de loyal sur l'idéologie. Et c'est ainsi qu'Henri rejoint l'équipe. Henri c'est pas son nom c'est le surnom que la CIA lui a donné, parce qu'ils arrivaient pas à prononcer son nom, qui est je cite : "Kjell-Ove Widman". Officiellement c'est un conseiller scientifique, officieusement, c'est une taupe.

Henri devient alors l'homme irremplaçable de cette opération, et c'est un terme qui reviendra assez souvent dans les rapports de la CIA. Il brouillait tellement bien les pistes qu'il arrivait à remettre la faute sur des employés parfois, ou même sur des clients. Les failles redeviennent donc petit à petit indétectables, tout simplement parce qu'il arrive à les rendre crédibles. Fini l'époque où n'importe qui pouvait voir les erreurs béantes laissées par la hiérarchie.

Et je me répète, mais Henri c'est le boss. Car en plus de pouvoir flouer les employés à l'aide de son énorme cerveau, il est aussi le Joker qu'on sort quand il y a des clients un petit peu méfiants à rassurer. Par exemple, en 1982 éclate la guerre des Malouines, opposant les Argentins et les Britanniques. Alors pour faire court, les Argentins disent que c'est leur ile, les Anglais aussi, du coup il y a baston entre les deux. Sauf que les Argentins se sont pris une sacrée rouste, et ils sont convaincus que leur équipement acheté auprès de Crypto AG n'y est pas pour rien. Et c'est vrai que les Anglais avaient l'air vachement bien au courant de tout ce qui se passait du côté des Argentins.

Henri est alors convoqué à Buenos Aires, et là il va falloir être bon mon Henri, parce que le dictateur argentin eh ben il est plutôt vénère. Mais Henri réussi à s'en sortir en expliquant que les machines sont tout simplement... trop vieilles.

Non non, ça a été votre machine est trop vieille il faut en racheter des nouvelles. Et ils l'ont fait. Quand je vous dis qu'Henri c'est le boss, je rigole pas du tout.

Malheureusement, le temps file et Boris Hagelin, notre crackito original se fait vieux et tombe gravement malade. Il est hospitalisé en urgence en 1982 et décède une année plus tard. Un peu paniqué par l'héritage d'informations qu'il risque de laisser derrière lui, la CIA dépêche très vite un avion direction Zurich, et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un dossier Crypto AG, c'est Colissimo direction les États-Unis et ça ne bouge pas. Mais Boris a laissé pourtant, deux ans avant sa mort, ce qui semble être un gros clin d'œil à toute cette affaire.

Alors on ne sait pas si c'est effectivement la base de la biographie de William Friedman, mais il finalise effectivement une biographie qui s'appelle "The Story of the Hagelin Cryptos", avec un auteur. Et la toute dernière phrase laisse songeur : "La vieille règle est toujours d'actualité, la qualité d'une machine dépend largement de son utilisateur". Les années 1982 ne commencent donc pas super bien côté Crypto AG.

Certes, Henri le boss arrive à tenir tête face aux clients qui ont des doutes, aux employés qui ont des doutes, Mais on perd Boris et rien que ça déjà, c'est un peu triste. Et puis surtout l'entreprise commence à afficher des résultats financiers pas ouf. Ce qui normalement, dans une boîte normale devrait affoler un petit peu la direction.

Mais les Américains, comme à l'époque, et ben ils s'en foutent de l'argent. Ils reçoivent un torrent d'informations, et ça leur convient très bien. Selon eux ça vaut largement le coup de renflouer l'entreprise, parce que toutes ces infos là, elles sont super utiles. Et ça paye, car on estime que 80 à 90 % des communications iraniennes sont déchiffrables, comme si elle était directement adressées à la Maison Blanche. Mais une dizaine d'années plus tard, en 1992, nouveau coup de chaud pour la boîte.

Cette fois-ci on parle pas de la convocation d'un employé en Argentine, ou d'un petit truc sympa comme ça, non non. On parle de la détention d'un employé en Iran. Parce que là, l'Iran, ça fait des dizaines d'années que c'est un livre ouvert pour les Américains. Au fil des années ils se sont dit qu'il y avait un truc. Quoi de plus naturel, donc, que de prendre en otage un employé Crypto AG pour essayer de le faire parler. C'est fou, ils ont un truc avec les otages.

Hans Buhler, un des meilleurs commerciaux de Crypto AG, se retrouve en captivité pendant plus de 9 mois. Et pas de chance pour les Iraniens, ni pour Hans d'ailleurs, Hans ne comprend pas. Puisqu'il ne sait pas, en fait, ce qu'il se passe. Du coup, faute de comprendre comment ils se font niquer par les Américains, les Iraniens ont décidé de faire une demande de rançon de 1 million de dollars pour libérer Hans Buhler. Et Hans, ben il peut remercier chaudement les Allemands qui sont passés à la caisse, parce que les Américains, ils ont pour habitude de pas payer en fait, les rançons.

Encore une fois les Allemands sont plutôt bons joueur sur le dossier, ils essaient de sauver quelqu'un et de sauver le bateau. Mais Hans, et ben il est pas très content de cette expérience. Il commence à vraiment à se dire que ils ont peut-être raison en fait, tout simplement.

Lui il vend juste des machines en fait, et du jour au lendemain il se retrouve pris en otage, pendant presque un an, dans un pays pas super accueillant. Personne ne lui explique pourquoi, quand il revient.. et surtout il se rend compte que les Iraniens, ils ont l'air d'en savoir plus que lui sur sa propre entreprise. Donc ça le titille un peu quoi. Hans se décide donc de faire part de tous ses soupçons aux médias suisses.

Et là c'est le début de la fin, oui. Crypto AG la douille du siècle ? Bon, c'est pas exactement le titre des journaux ou des émissions consacrés à Crypto AG, Mais quand même, il y a pas mal d'articles et de passages télé qui sont fait sur ce sujet. Cette affaire de détention, et ben elle a mis le feu aux poudres. Et les journalistes commencent à relier toutes les anciennes d'histoire relatives à la boîte. Notamment cette fameuse fois où un employé de la boîte avait tout balancer aux Syriens avant de se faire dégager. De plus en plus de reportages à charge sont ainsi publiés, dont même des révélations sur les liens unissant Crypto AG et la CIA.

On retrouve des document indiquant noir sur blanc la présence d'agents du renseignement américain lors des discussions avec Crypto AG. Entre-temps, plus de nouvelles d'Hans Buhler. La CIA, avec Crypto AG, a surement acheté son silence. Avec beaucoup d'argent, mais c'est trop tard en fait. La polémique ne désenfle pas, et les employés commencent à parler entre eux.

Il y en a d'ailleurs plein qui décident de démissionner suite à ces révélations, notamment Mendia Caflisch, qui a failli déjà tout faire capoter. Mais c'est aussi le cas du côté des clients, puisque il y a pas mal de pays qui ne renouvellent pas leur contrat. Comme par exemple l'Arabie Saoudite, ou les Argentins, qui doivent être ravis de savoir qu'ils avaient raison depuis le début, et qu'ils se sont fait enfler pendant autant d'années. Là ils peuvent dire "on vous l'avait dit". C'est normal.

C'est pas vous le dire Mais si l'histoire elle a explosé, bah c'est parce que l'Iran, on le rappelle, a pris en otage Hans Buhler. Du coup, qu'est-ce qu'ils ont fait l'Iran après avoir vu l'explosion dans les médias de cette affaire ? Et ben ils ont renouvelé leur contrat avec Crypto AG. Est-ce qu'ils sont complètement con ou ça se passe comment ? Alors c'est sûrement un peu plus complexe que ça, et mon but c'était pas d'insulter les Iraniens. Soit les Iraniens sont un petit peu des quiches effectivement, et ils se disent que ça reste quand même du bon matos et qu'il vaut mieux renouveler dans tous les cas, parce qu'ils ont besoin d'envoyer des conversations chiffrées. C'est une possibilité.

Soit on est rentré dans une nouvelle phase de poker menteur, où les Iraniens font semblant de croire encore que CryptoAG est fiable, le tout pour balancer des fausses infos aux Américains. Si c'est ça, Bah c'est bien vu les gars. C'est assez smart. Mais le véritable dommage collatéral de tout ça, et ben c'est la relation entre les Allemands et les Américains. L'affaire, là, elle commence à faire beaucoup trop de bruit, on est dans les années 90, le mur de Berlin est en train de tomber, et les Allemands ils aimeraient bien commencer le nouveau millénaire sans être vu, encore une fois, pour le grand méchant de l'histoire.

Ce qu'on peut comprendre. Sauf que ça, ça les aide pas si ça sort. Parce que là si les alliés européens apprennent que l'Allemagne baigne là-dedans, il y aurait forcément des répercussions politiques et économiques assez grave, et là vraiment l'Allemagne a pas besoin de ça, alors qu'ils essaient de se faire une nouvelle place, une belle place en Europe. Et en 1993, bah les Allemands décident de vendre toutes leurs parts de Crypto AG aux Américains, le tout pour 17 million de dollars. Et ils se cassent. Forcément, à ce moment-là les Américains ils tirent un peu la gueule. Mais pour être honnête, les Allemands bah ils ont raison de se méfier des Américains.

Des années plus tard en 2015 on apprendra grâce à Snowden que les Américains espionnaient Angela Merkel, la chancelière allemande. Notamment son téléphone portable. Et comme les américains se plaisent à le dire "Il n'y a pas d'amis dans le monde du renseignement". Et encore moins quand ce sont des amis qui ont quitté le bateau en cours de route. Sauf que maintenant que les Américains sont seuls aux manettes, et ben ils ont oublié un petit peu qu'ils avaient une entreprise à faire tourner.

Est-ce que le renseignement il arrive en continue c'est bien sympa, Mais plus les années passent et moins les innovations de CryptoAG sont intéressantes et récurrentes. Les clients se tourne petit à petit vers la concurrence qui fait bien mieux, bien moins cher, sans compter le tas de polémiques accumulées au fil des années. Pendant que la CIA essaie de dissimuler les failles, et ben les concurrents font une petite place dans le milieu et bouffent le marché de Crypto AG. Malgré tout, il y a encore beaucoup de renseignements qui continuent d'arriver aux oreilles des Américains. Grâce à la bureaucratie.

Parce que oui, une fois qu'on a le matériel en place, le changer ça veut dire reformer tout le monde, payer, surtout, et c'est souvent les pays les moins développés qui ont soit la flemme, soit pas les fonds de le faire. Il y a du crypto AG, c'est un peu rouillé mais ça fonctionne. Et ça tombe bien, parce que les pays les moins développés ,c'est souvent ceux qui intéressent le plus les Etats-Unis.

Mais avec le temps et toutes les nouvelles technologies qui inondent le marché, l'intérêt américain s'est progressivement déporté vers les nouvelles technologies, comme les géants de la tech, les réseaux sociaux ou les télécoms. Au fil des années, les machines de CryptoAG devenaient de moins en moins un vecteur de renseignements, là où nos téléphones par exemple sont devenus un petit peu le nerf de la guerre. Après des décennies à avoir espionné toute la terre avec les machines Crypto AG, il était temps pour les Américains de tirer les rideaux et de passer à autre chose. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, et bien c'est tout récemment, en 2017, que la société se fera liquider.

Le cœur de l'entreprise est racheté par une société suisse, qui continue de profiter des vraies machines performantes, puisque la Suisse a toujours eu accès aux vraies machines. Évidemment, aucun commentaire de la part de cette entreprise sur tout ce qui s'est passé avant. Assez tristement, une autre partie des capitaux a été racheté par un patriote suédois un mec qui était assez fier de voir le travail qu'avait accompli Boris Hagelin, puisqu'on le rappelle, il faisait un petit peu la fierté du pays. Il a déclaré après coup que c'était la décision la plus stupide de sa vie, puisque tout simplement, il savait pas ou alors il n'y croyait pas.

Désolé pour toi. On te croit, ça a du etre... Bah ouais une décision assez stupide, pour le coup dans une vie. Pas de bol. Et c'est ainsi que la saga de Crypto AG s'achève.

Avec une dernière transaction de plusieurs dizaines de millions d'euros, dans la même entreprise du Liechtenstein, qui avait couvert 48 ans plus tôt les véritables actionnaires de l'entreprise. Voilà donc comment les Américains et les Allemands ont pu pendant des dizaines d'années, siphonner une bonne partie des renseignements de la Terre. D'innombrables communications confidentielles depuis la guerre froide jusqu'à..

il y a pas très longtemps. Le tout en exploitant l'image quasi sacrée de la neutralité suisse. Et cette image de la neutralité suisse, elle vaut très cher.

Si cher que le chef du renseignement Suisse a démissionné en mai 2021. À cause des retombées négatives de cette affaire. Et au-delà de tout cette histoire, de ce montage très bien ficelé il ne faut pas oublier que ce sont des centaines et des centaines d'employés qui ont œuvré dans l'ombre pendant des décennies, dans le mensonge le plus total, sans savoir ce qui se passait.

Et ça fait peur en vrai avec le recul. Il y en a qui ont dédié leur vie à cette boite. Et puis il y en a qui se sont fait aussi prendre en otage, alors qu'ils voulaient juste bien bosser.

On a un peu simplifié l'histoire par moment, et il est vrai qu'au fil des années bah il y avait d'autres personnes que Henri qui étaient au courant. Mais c'était compliqué sinon de tout raconter, et si vous voulez en savoir plus tout est dans la description comme je vous le disais. Mais en tout cas, ceux qui étaient dans la combine étaient toujours un petit peu rassuré de se dire qu'ils œuvraient pour une sorte de bien commun. Ils avaient l'impression de faire les bonnes choses en bossant avec les Américains. Henri, pour lui, il a déclaré que c'était la mission de sa vie.

C'était vraiment quelque chose qui lui tenait à coeur. Mais en même temps il avait une place de choix, il était tout en haut des échelons, et il avait beaucoup d'argent qui tombait dans sa poche de la part de la CIA. Pour tous les autres employés tenus dans l'ombre, et ben forcément ils ont tous dit que c'était une profonde trahison, et que de comprendre au bout de tant d'années qu'ils se sont fait niquer, bah c'était compliqué quoi.

Mengia, la brillante ingénieur qui a failli tout faire capoter, et ben elle a déclaré que c'était constamment un dilemme moral pour elle de rester dans l'entreprise. Personne ne savait vraiment ce qui se tramait, mais tout le monde avait des soupçons. Il fallait soit vivre avec, soit partir.

Voilà pour ce coup du siècle du renseignement. C'était très long, très très long à tourner. J'espère, on espère avec Jules que ça vous a plu. Pour info, c'est la deuxième fois que je tourne cette vidéo parce que le premier enregistrement a eu plein de problèmes. Je suis épuisé.

En vrai, on se demande si c'est pas des sujets qui doivent être traités dans des livres d'histoire, parce que c'est ultra intéressant sur la façon dont ça a influencé toutes les guerres de l'époque. Et j'insiste, si vous voulez aller plus loin ou lire la matière brute qui nous a été utile, tout est dans la description. Et surtout si déjà à l'époque c'était aussi shady sur les renseignements, on n'imagine même pas ce que c'est avec la technologie actuelle. On espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner et puis on se dit à très vite, je l'espère, avec du nouveau contenu. À dans deux ans.

Salut !

2021-11-30 05:12

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